GIORGIO AGAMBEN
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GIORGIO AGAMBEN
"Je travaille toujours dans l'urgence, mais très lentement"
Où vit le philosophe ? entre paris et venise
......"Affable, discret, Agamben accueille donc son visiteur dans un Paris qui n'existe plus. Un Paris de bohème, qui n'est que la réplique affaiblie de sa jeunesse romaine. Dans les années 1960, en effet, il fut, avec Pasolini, Moravia et Elsa Morante, de cette petite société littéraire qui, dit-il, "bougeait dans Rome" : ne surtout pas travailler, ne jamais rester inactifs. De cette vie antérieure, les écrans de cinéma conservent le fantôme : une apparition à 22 ans, dans L'Evangile selon saint Matthieu de Pasolini, sous les traits de l'apôtre Philippe.
Cette vie n'est plus car Rome, comme Paris, a accompli l'idéal de tout gouvernement : elle est la ville où rien, désormais, ne peut arriver. Aussi Agamben se vit-il comme le philosophe de l'extinction des villes, qui furent pour Walter Benjamin les lieux de tous les possibles.
Et Venise ?
Venise est morte depuis si longtemps qu'on ne peut même plus dire qu'elle est une cité embaumée : c'est la ville des spectres, qui surgissent à tout moment et se manifestent "par des bruits étranges". Venise et Paris, donc, comme les deux polarités d'un champ d'opposition entre lesquelles il faut chercher un "seuil d'indistinction" : c'est ainsi que pense Agamben, et cette image du seuil, qui n'est pas une borne mais "le lieu où les charges des polarités contraires se neutralisent, centre vide qui pourtant fait marcher la machine", est l'une des plus insistantes chez lui.".......
Patrick Boucheron
Article paru dans l'édition du 28.11.08 du monde
Où vit le philosophe ? entre paris et venise
......"Affable, discret, Agamben accueille donc son visiteur dans un Paris qui n'existe plus. Un Paris de bohème, qui n'est que la réplique affaiblie de sa jeunesse romaine. Dans les années 1960, en effet, il fut, avec Pasolini, Moravia et Elsa Morante, de cette petite société littéraire qui, dit-il, "bougeait dans Rome" : ne surtout pas travailler, ne jamais rester inactifs. De cette vie antérieure, les écrans de cinéma conservent le fantôme : une apparition à 22 ans, dans L'Evangile selon saint Matthieu de Pasolini, sous les traits de l'apôtre Philippe.
Cette vie n'est plus car Rome, comme Paris, a accompli l'idéal de tout gouvernement : elle est la ville où rien, désormais, ne peut arriver. Aussi Agamben se vit-il comme le philosophe de l'extinction des villes, qui furent pour Walter Benjamin les lieux de tous les possibles.
Et Venise ?
Venise est morte depuis si longtemps qu'on ne peut même plus dire qu'elle est une cité embaumée : c'est la ville des spectres, qui surgissent à tout moment et se manifestent "par des bruits étranges". Venise et Paris, donc, comme les deux polarités d'un champ d'opposition entre lesquelles il faut chercher un "seuil d'indistinction" : c'est ainsi que pense Agamben, et cette image du seuil, qui n'est pas une borne mais "le lieu où les charges des polarités contraires se neutralisent, centre vide qui pourtant fait marcher la machine", est l'une des plus insistantes chez lui.".......
Patrick Boucheron
Article paru dans l'édition du 28.11.08 du monde
lorenzo di venezia- Nombre de messages : 1378
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Date d'inscription : 03/03/2008
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