La question préalable : apologie et thérapeutique de la TORTURE
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La question préalable : apologie et thérapeutique de la TORTURE
Par des circonlocutions juridiques et langagières, les soutiers, relais ou spécialistes de la torture savent fort bien circonvenir l'esprit humain et trouver des justifications à des actes que la morale la plus élémentaire ou la dignité humaine réprouvent. L'historien est familier de ce genre de sources nauséabondes qu'il doit traiter avec la même rigueur que d'autres mais avec beaucoup plus de recul et d'humanité encore que d'ordinaire. La guerre d'Algérie a donné lieu à d'excellentes thèses sur le sujet et on se rappellera avec émotion les protestations d'André Mandouze, de Pierre Simon dans les colonnes du "Monde", suivis bientôt par Pierre Vidal-Naquet sans oublier Henri Alleg ou le général de la Bollardière. C'était il y a 50 ans : couvert sous le fatras de l'oubli et le sentiment de l'impunité universelle, voici que resurgissent les fléaux de la guerre qui ne dit pas son nom : c'était hier, c'est aujourd'hui.
Aucun peuple ne peut accepter ces agissements et j'espère que la lâcheté teintée de Realpolitik de Barack Obama à ce sujet sera vivement combattue par les associations des droits de l'homme américaines : plus noir encore que le crime est son oubli.
Ceci interpelle d'autant que le même argumentaire qui avait servi de paravent aux fonctionnaires les plus compromis de Vichy revient : ils agissaient sur les ordres de leurs supérieurs qui eux-mêmes faisaient de même et ainsi de suite. En 1945, le qualificatif juridique retenu dans les procès de l'épuration était celui "d'intelligence avec l'ennemi" (article 75 du Code Pénal) : beaucoup de magistrats qui avaient sévi sous l'Occupation et relayé des procédures douteuses continuèrent leur Office sous la République. L'accomplissement du devoir kantien devrait donc prendre le pas sur toute autre considération à suivre cette logique qui n'est même plus d'exception. Même si la justice des hommes ne devait pas rattraper les maîtres ès tortures et les donneurs d'ordre, il reste la conscience universelle qui doit honnir et abolir ces actes : faire connaître même de façon censurée ou partielle, c'est déjà une timide reconnaissance de dette morale et on attend mieux, beaucoup mieux à l'avenir à commencer par un vrai Tribunal International des crimes de guerre...
Le "New York Times" publie une réponse du Ministère de la justice américain consulté sur le cadre juridique régissant le recours à la torture : en un sens, cela rappelle assez Vichy et ses cours spéciales (cf le film de Costa-Gavras) à ceci près que ces prisonniers n'ont été présentés à aucun juge et qu'aucune parodie de procès n'a eu lieu. Le contexte est celui de l'entre-deux qui sépare le 11 septembre 2001 de l'invasion terrestre de l'Irak par les troupes américaines en 2003, c'est-à-dire de l'installation des USA dans la guerre illégale, clandestine et secrète et la plongée du pays dans l'état d'exception (création du Département de la Sécurité Intérieure). Les esprits comme les corps pénétrés par la peur et le trauma collectif sont des proies aisément malléables pour façonner une opinion publique acquise à l'idée d'une vengeance tous azimuts.
Datée du 1er août 2002 (pour les premières pages que j'ai lues), elle traite d'un exemple précis, celui de l'application des "méthodes d'interrogation poussées/spéciales" à Zubaydah, lieutenant de Ben Laden. Interrogé sur la légalité de la procédure (sa conformité vis-à-vis de la législation fédérale qui interdit le recours à la torture aux USA), l'auteur (voir son nom p.38 ) assure à son interlocuteur que "si l'on tient à vos déclarations, Zubaydah ne présente pas de faiblesses physiques ou de troubles mentaux qui pourraient lui occasionner une souffrance particulière consécutive à la persuasion mentale que vous préconisez dans vos méthodes d'interrogation" (p.8 ). Quelles sont-elles ? Page 2, elles sont décrites comme : simulation de noyades, privation de sommeil, confinement dans un lieu hostile, insultes corporelles....
http://documents.nytimes.com/justice-department-memos-on-interrogation-techniques#p=1
Aucun peuple ne peut accepter ces agissements et j'espère que la lâcheté teintée de Realpolitik de Barack Obama à ce sujet sera vivement combattue par les associations des droits de l'homme américaines : plus noir encore que le crime est son oubli.
Ceci interpelle d'autant que le même argumentaire qui avait servi de paravent aux fonctionnaires les plus compromis de Vichy revient : ils agissaient sur les ordres de leurs supérieurs qui eux-mêmes faisaient de même et ainsi de suite. En 1945, le qualificatif juridique retenu dans les procès de l'épuration était celui "d'intelligence avec l'ennemi" (article 75 du Code Pénal) : beaucoup de magistrats qui avaient sévi sous l'Occupation et relayé des procédures douteuses continuèrent leur Office sous la République. L'accomplissement du devoir kantien devrait donc prendre le pas sur toute autre considération à suivre cette logique qui n'est même plus d'exception. Même si la justice des hommes ne devait pas rattraper les maîtres ès tortures et les donneurs d'ordre, il reste la conscience universelle qui doit honnir et abolir ces actes : faire connaître même de façon censurée ou partielle, c'est déjà une timide reconnaissance de dette morale et on attend mieux, beaucoup mieux à l'avenir à commencer par un vrai Tribunal International des crimes de guerre...
Le "New York Times" publie une réponse du Ministère de la justice américain consulté sur le cadre juridique régissant le recours à la torture : en un sens, cela rappelle assez Vichy et ses cours spéciales (cf le film de Costa-Gavras) à ceci près que ces prisonniers n'ont été présentés à aucun juge et qu'aucune parodie de procès n'a eu lieu. Le contexte est celui de l'entre-deux qui sépare le 11 septembre 2001 de l'invasion terrestre de l'Irak par les troupes américaines en 2003, c'est-à-dire de l'installation des USA dans la guerre illégale, clandestine et secrète et la plongée du pays dans l'état d'exception (création du Département de la Sécurité Intérieure). Les esprits comme les corps pénétrés par la peur et le trauma collectif sont des proies aisément malléables pour façonner une opinion publique acquise à l'idée d'une vengeance tous azimuts.
Datée du 1er août 2002 (pour les premières pages que j'ai lues), elle traite d'un exemple précis, celui de l'application des "méthodes d'interrogation poussées/spéciales" à Zubaydah, lieutenant de Ben Laden. Interrogé sur la légalité de la procédure (sa conformité vis-à-vis de la législation fédérale qui interdit le recours à la torture aux USA), l'auteur (voir son nom p.38 ) assure à son interlocuteur que "si l'on tient à vos déclarations, Zubaydah ne présente pas de faiblesses physiques ou de troubles mentaux qui pourraient lui occasionner une souffrance particulière consécutive à la persuasion mentale que vous préconisez dans vos méthodes d'interrogation" (p.8 ). Quelles sont-elles ? Page 2, elles sont décrites comme : simulation de noyades, privation de sommeil, confinement dans un lieu hostile, insultes corporelles....
http://documents.nytimes.com/justice-department-memos-on-interrogation-techniques#p=1
condorcet- Nombre de messages : 2531
Date d'inscription : 03/03/2008
Re: La question préalable : apologie et thérapeutique de la TORTURE
Il semblerait que le Président Obama ne soit pas prêt à renoncer aux poursuites des commanditaires de la torture. Les vives protestations des associations des droits de l'homme américaines l'auraient incité à adopter une attitude plus "ouverte". Souhaitons que cela traduise une réelle volonté de juger ces salisseurs de mémoire.
condorcet- Nombre de messages : 2531
Date d'inscription : 03/03/2008
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