Décès du réalisateur et producteur de télévision Pierre-André Boutang (1937-2008)
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Décès du réalisateur et producteur de télévision Pierre-André Boutang (1937-2008)
Alain m'apprend à l'instant la disparition d'un professionnel reconnu de la médiation littéraire télévisée sinon de la télévision culturelle.
Le Monde évoque son parcours :
http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/08/22/pierre-andre-boutang-producteur-et-realisateur_1086763_0.html
Le Monde évoque son parcours :
http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/08/22/pierre-andre-boutang-producteur-et-realisateur_1086763_0.html
condorcet- Nombre de messages : 2531
Date d'inscription : 03/03/2008
Re: Décès du réalisateur et producteur de télévision Pierre-André Boutang (1937-2008)
Le peu d'échos réservé à la mort de Pierre-André Boutang semble indiquer que la "starisation" des journalistes de télévision est un phénomène limité dans le temps. Il serait trop long et peut-être un peu rébarbatif d'évoquer point par point la longue carrière de Pierre-André Boutang, aussi souhaiterais-je revenir sur l'émission dont il fut le réalisateur, "Archives du XXème siècle".
D'abord et à mon grand dépit, l'Ina (Archives pour tous) ne propose d'extraits d'émissions substantiels à l'internaute.
Pourtant, ce programme se proposait d'interviewer pour la postérité les auteurs les plus choisis : issu du Service de la Recherche de l'ORTF (Office de Radiodiffusion-Télévision française) à l'ambition inversement proportionnelle aux moyens qui lui étaient alloués - 15 personnes pour forger une télévision créative sur le fond comme sur la forme -, ce programme est produit (conçu : un producteur de télévision n'est pas un financier contrairement à son alter ego du cinéma) par Jean-José Marchand et réalisé par Pierre-André Boutang.
Le catalogue des entretiens tournés entre 1971 et 1978 est très hétérogène : Paul Morand, John Dos Passos, Ungaretti. Ces émissions sont destinées à être diffusées après la mort de l'interviewé et n'obéissent pas à une logique publicitaire mais à une évocation de l'oeuvre dans son intégralité. Beaucoup ne le seront jamais hélas (de mémoire car éloigné des mes notes, je dirais que la collection "Archives du XXème siècle" compte 38 émissions diffusées pour 80 non diffusées).
Paul Morand, affreux grigou mais excellent écrivain, évoque ainsi dans 2 émissions (diffusées sur FR3 les 7 et 14 mars 1976 et tournées en 1970 et 1971) d'une heure chacune, l'enfance dorée (il est le fils d'un diplomate, d'Eugène Morand), sa fierté d'avoir vécu l'époque où Paris était une "capitale culturelle" (comme Londres ou Vienne), c'est-à-dire au tournant du XXème siècle, ses amitiés avec Marcel Schwob, Jean Giraudoux, Marcel Proust, Berthelot - ministre des Affaires Etrangères françois révoqué en 1926 je crois -, les portraits de ville, le culte de la vitesse (ah, les débuts de l'automobile et les torpédos trépidantes des années 1920), et.... Venise(s), du comte Volpi aux hippies (la rime est facile). Bien sûr, le choix de la carrière littéraire aux dépens de la carrière diplomatique (il raconte sa fierté d'avoir réussi le "grand concours" du Quai d'Orsay) est enjolivé. Mais, il ressort de cet entretien, une grande humanité sinon une certaine foi.
Pierre-André Boutang était certes maurassien, mais un interlocuteur attentif aux prérogatives de la culture. A ce titre, il est assez triste de voir combien les "commis de la culture" meurent dans une certaine indifférence. En revanche, on peut attendre de l'INA une certaine publicité et de la double soirée offerte par Arte un retentissement.
Avec des moyens chichement comptés, une ambition raisonnable, il a assuré le lien entre la télévision des instituteurs (celle des années 1960 : Claude Santelli, Pierre Dumayet, Max-Pol Fouchet) et la télévision culturelle réduite aux acquêts (la nôtre).
D'abord et à mon grand dépit, l'Ina (Archives pour tous) ne propose d'extraits d'émissions substantiels à l'internaute.
Pourtant, ce programme se proposait d'interviewer pour la postérité les auteurs les plus choisis : issu du Service de la Recherche de l'ORTF (Office de Radiodiffusion-Télévision française) à l'ambition inversement proportionnelle aux moyens qui lui étaient alloués - 15 personnes pour forger une télévision créative sur le fond comme sur la forme -, ce programme est produit (conçu : un producteur de télévision n'est pas un financier contrairement à son alter ego du cinéma) par Jean-José Marchand et réalisé par Pierre-André Boutang.
Le catalogue des entretiens tournés entre 1971 et 1978 est très hétérogène : Paul Morand, John Dos Passos, Ungaretti. Ces émissions sont destinées à être diffusées après la mort de l'interviewé et n'obéissent pas à une logique publicitaire mais à une évocation de l'oeuvre dans son intégralité. Beaucoup ne le seront jamais hélas (de mémoire car éloigné des mes notes, je dirais que la collection "Archives du XXème siècle" compte 38 émissions diffusées pour 80 non diffusées).
Paul Morand, affreux grigou mais excellent écrivain, évoque ainsi dans 2 émissions (diffusées sur FR3 les 7 et 14 mars 1976 et tournées en 1970 et 1971) d'une heure chacune, l'enfance dorée (il est le fils d'un diplomate, d'Eugène Morand), sa fierté d'avoir vécu l'époque où Paris était une "capitale culturelle" (comme Londres ou Vienne), c'est-à-dire au tournant du XXème siècle, ses amitiés avec Marcel Schwob, Jean Giraudoux, Marcel Proust, Berthelot - ministre des Affaires Etrangères françois révoqué en 1926 je crois -, les portraits de ville, le culte de la vitesse (ah, les débuts de l'automobile et les torpédos trépidantes des années 1920), et.... Venise(s), du comte Volpi aux hippies (la rime est facile). Bien sûr, le choix de la carrière littéraire aux dépens de la carrière diplomatique (il raconte sa fierté d'avoir réussi le "grand concours" du Quai d'Orsay) est enjolivé. Mais, il ressort de cet entretien, une grande humanité sinon une certaine foi.
Pierre-André Boutang était certes maurassien, mais un interlocuteur attentif aux prérogatives de la culture. A ce titre, il est assez triste de voir combien les "commis de la culture" meurent dans une certaine indifférence. En revanche, on peut attendre de l'INA une certaine publicité et de la double soirée offerte par Arte un retentissement.
Avec des moyens chichement comptés, une ambition raisonnable, il a assuré le lien entre la télévision des instituteurs (celle des années 1960 : Claude Santelli, Pierre Dumayet, Max-Pol Fouchet) et la télévision culturelle réduite aux acquêts (la nôtre).
condorcet- Nombre de messages : 2531
Date d'inscription : 03/03/2008
Re: Décès du réalisateur et producteur de télévision Pierre-André Boutang (1937-2008)
A propos des portraits de ville, ceux de Thomas Mann valent le détour.
condorcet- Nombre de messages : 2531
Date d'inscription : 03/03/2008
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