Teatro San Cassiano
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Teatro San Cassiano
J'ai fait quelques recherches sur le Teatro San Cassiano.
J'ai trouvé un document interessant écrit par Olivier Lexa (qui s'occupe maintenant du Centre de Musique baroque de Venise) à l'occasion de representation de Egisto de Cavalli à l'Opera Comique.
http://www.opera-comique.com/medias/professionnels/professeurs/bat-dossier-padagogique-egisto.pdf
Extraits:
Le Teatro San Cassiano Vecchio était à l’origine un théâtre aristocratique privé (comme tous les théâtres de Venise à ce moment-là) à la structure en bois, construit à la fin du XVIe siècle, et qui appartenait à la famille Tron, l’une des grandes familles vénitiennes. Il tire son nom du quartier de Venise où il a été bâti, la paroisse San Cassiano (à côté du Rialto, à l’emplacement de l’actuel jardin du Palazzo Albrizzi).
Ce théâtre fut ravagé par un incendie en 1629 et reconstruit cette fois-ci en pierre : le Teatro San Cassiano Nuovo qui comportait cinq rangs de trente et une loges chacun. En mai 1636, les frères Tron obtinrent l’accord du Conseil des Dix pour que le théâtre puisse ouvrir au public.
Trois types d’acteurs étaient alors nécessaires au bon fonctionnement d’un théâtre : les propriétaires, un impresario (une personne ou une troupe) et des artistes. Benedetto Ferrari, homme universel, réputé pour ses poèmes, ses livrets, sa musique et son art de toucher le théorbe (son surnom « della Tiorba »), s’associa alors à Francesco Manelli, auteur réputé de cantates et d’un opéra Delia représenté à Bologne et à des chanteurs de la Chapelle Saint-Marc. Il proposa alors à la famille Tron de donner pendant le carnaval une série de représentations d’Andromeda (livret de Ferrari, musique de Manelli) qu’il avait monté entièrement à ses frais.
Le 6 mars 1637, le premier théâtre accueillant un public payant ouvrit ses portes. L’opéra de Ferrari et Manelli, avec ses nombreuses machines et ses changements de scène inventés par le vénitien Balbi, chorégraphe et machiniste, fut un grand succès et le début d’une longue suite de productions.
L’année suivante ils donnèrent la Maga Fulminata. Puis, la gestion du théâtre revint à Francesco Cavalli.
Très vite, la concurrence s’installe à Venise entre les différents théâtres. Le Théâtre San Cassiano ouvre en mars 1637. Dès 1638, le Théâtre SS. Giovanni e Paolo est reconstruit par la famille Grimani, le bâtiment est plus grand et plus richement ornementé. Ferrari, quant à lui, devient l’impresario du nouveau Théâtre San Samuele en 1639. Il y donne Il Pastor Regio (1640), Ninfa Avara (1641), puis il s’efface en 1642 devant Cavalli qui donne avec succès son Amore innamorato. Ferrari fait encore chanter son Prencipe Giardiniero en 1644 après quoi il cède la place à Cavalli qui accapare tous les théâtres. En 1640, le Théâtre San Moisè, propriété de la famille Zane, ouvrit ses portes à l’opéra également. On compte en moyenne cinq productions par an jusqu’en 1645.
Le coût des dépenses artistiques (emploi des musiciens et chanteurs), la location et les coûts techniques de production (décor, lumières) étaient à la charge de l’impresario.
Les dépenses étaient équilibrées et les profits générés par les recettes liées à la location des loges et la vente de billets. La plupart des loges étaient louées à perpétuité, mais les membres de l’aristocratie les payaient selon une base calculée pour la saison. Il y avait alors deux sortes de billets : les bollettini que tout le monde devait avoir pour entrer, y compris ceux qui avaient une loge, et les scagni achetés avec un supplément et qui accordaient un siège au parterre.
Le librettiste restait financièrement indépendant et se rémunérait par la vente des livrets et les largesses de ses dédicataires.
Il est à noter que ces théâtres ne fonctionnaient que pendant le Carnaval. Même avec les temps de répétitions, les troupes restaient sans emploi une partie de l’année. Ce n’était pas un problème pour Cavalli et sa troupe qui étaient employés ailleurs à Venise, mais beaucoup d’autres étaient forcés de faire voyager leurs productions pour compléter leurs revenus.
Pour attirer le public et améliorer les ventes, « la Cité des Doges invente aussi ce « star system » que nous connaissons aujourd’hui », et fait émerger de grandes figures lyriques. Le chanteur soliste professionnel devient une figure importante de la vie musicale à partir de 1570 environ. Pendant la Renaissance, le poète-chanteur-luthiste divertissait les cours, mais à la fin du XVIe siècle, les chanteurs reçoivent une formation de virtuoses et des célébrités émergent : Giulio Cesare Brancaccio, Alessandro Merlo Romano, Tarquinia Molza, Lucrezia Bendidio, Laura Peperara…
Lorsqu’on décide, à Venise, de proposer cette nouvelle forme de spectacle à un public payant, on développe d’une manière tout à fait originale les spécificités du genre, ceci dans le but de remplir la salle. » Les différents paramètres techniques et économiques conditionnent d’une certaine manière la production des opéras et donc leur composition. L’opéra doit prendre en considération le goût du public mais aussi les contraintes matérielles car les moyens financiers sont plus limités que lors des productions financées par les nobles. Les coûts de production doivent donc être pris en compte. Le nombre de personnages est limité pour diminuer la distribution à 6 ou 7 interprètes. Certains interprètes chantent deux rôles.
J'ai trouvé un document interessant écrit par Olivier Lexa (qui s'occupe maintenant du Centre de Musique baroque de Venise) à l'occasion de representation de Egisto de Cavalli à l'Opera Comique.
http://www.opera-comique.com/medias/professionnels/professeurs/bat-dossier-padagogique-egisto.pdf
Extraits:
Le Teatro San Cassiano Vecchio était à l’origine un théâtre aristocratique privé (comme tous les théâtres de Venise à ce moment-là) à la structure en bois, construit à la fin du XVIe siècle, et qui appartenait à la famille Tron, l’une des grandes familles vénitiennes. Il tire son nom du quartier de Venise où il a été bâti, la paroisse San Cassiano (à côté du Rialto, à l’emplacement de l’actuel jardin du Palazzo Albrizzi).
Ce théâtre fut ravagé par un incendie en 1629 et reconstruit cette fois-ci en pierre : le Teatro San Cassiano Nuovo qui comportait cinq rangs de trente et une loges chacun. En mai 1636, les frères Tron obtinrent l’accord du Conseil des Dix pour que le théâtre puisse ouvrir au public.
Trois types d’acteurs étaient alors nécessaires au bon fonctionnement d’un théâtre : les propriétaires, un impresario (une personne ou une troupe) et des artistes. Benedetto Ferrari, homme universel, réputé pour ses poèmes, ses livrets, sa musique et son art de toucher le théorbe (son surnom « della Tiorba »), s’associa alors à Francesco Manelli, auteur réputé de cantates et d’un opéra Delia représenté à Bologne et à des chanteurs de la Chapelle Saint-Marc. Il proposa alors à la famille Tron de donner pendant le carnaval une série de représentations d’Andromeda (livret de Ferrari, musique de Manelli) qu’il avait monté entièrement à ses frais.
Le 6 mars 1637, le premier théâtre accueillant un public payant ouvrit ses portes. L’opéra de Ferrari et Manelli, avec ses nombreuses machines et ses changements de scène inventés par le vénitien Balbi, chorégraphe et machiniste, fut un grand succès et le début d’une longue suite de productions.
L’année suivante ils donnèrent la Maga Fulminata. Puis, la gestion du théâtre revint à Francesco Cavalli.
Très vite, la concurrence s’installe à Venise entre les différents théâtres. Le Théâtre San Cassiano ouvre en mars 1637. Dès 1638, le Théâtre SS. Giovanni e Paolo est reconstruit par la famille Grimani, le bâtiment est plus grand et plus richement ornementé. Ferrari, quant à lui, devient l’impresario du nouveau Théâtre San Samuele en 1639. Il y donne Il Pastor Regio (1640), Ninfa Avara (1641), puis il s’efface en 1642 devant Cavalli qui donne avec succès son Amore innamorato. Ferrari fait encore chanter son Prencipe Giardiniero en 1644 après quoi il cède la place à Cavalli qui accapare tous les théâtres. En 1640, le Théâtre San Moisè, propriété de la famille Zane, ouvrit ses portes à l’opéra également. On compte en moyenne cinq productions par an jusqu’en 1645.
Le coût des dépenses artistiques (emploi des musiciens et chanteurs), la location et les coûts techniques de production (décor, lumières) étaient à la charge de l’impresario.
Les dépenses étaient équilibrées et les profits générés par les recettes liées à la location des loges et la vente de billets. La plupart des loges étaient louées à perpétuité, mais les membres de l’aristocratie les payaient selon une base calculée pour la saison. Il y avait alors deux sortes de billets : les bollettini que tout le monde devait avoir pour entrer, y compris ceux qui avaient une loge, et les scagni achetés avec un supplément et qui accordaient un siège au parterre.
Le librettiste restait financièrement indépendant et se rémunérait par la vente des livrets et les largesses de ses dédicataires.
Il est à noter que ces théâtres ne fonctionnaient que pendant le Carnaval. Même avec les temps de répétitions, les troupes restaient sans emploi une partie de l’année. Ce n’était pas un problème pour Cavalli et sa troupe qui étaient employés ailleurs à Venise, mais beaucoup d’autres étaient forcés de faire voyager leurs productions pour compléter leurs revenus.
Pour attirer le public et améliorer les ventes, « la Cité des Doges invente aussi ce « star system » que nous connaissons aujourd’hui », et fait émerger de grandes figures lyriques. Le chanteur soliste professionnel devient une figure importante de la vie musicale à partir de 1570 environ. Pendant la Renaissance, le poète-chanteur-luthiste divertissait les cours, mais à la fin du XVIe siècle, les chanteurs reçoivent une formation de virtuoses et des célébrités émergent : Giulio Cesare Brancaccio, Alessandro Merlo Romano, Tarquinia Molza, Lucrezia Bendidio, Laura Peperara…
Lorsqu’on décide, à Venise, de proposer cette nouvelle forme de spectacle à un public payant, on développe d’une manière tout à fait originale les spécificités du genre, ceci dans le but de remplir la salle. » Les différents paramètres techniques et économiques conditionnent d’une certaine manière la production des opéras et donc leur composition. L’opéra doit prendre en considération le goût du public mais aussi les contraintes matérielles car les moyens financiers sont plus limités que lors des productions financées par les nobles. Les coûts de production doivent donc être pris en compte. Le nombre de personnages est limité pour diminuer la distribution à 6 ou 7 interprètes. Certains interprètes chantent deux rôles.
Dernière édition par Fanfan le Lun 17 Sep - 21:57, édité 1 fois
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Re: Teatro San Cassiano
Le Teatro San Cassiano a été victime de la concurrence des théatres des Grimani qui en possédaient 3 et surtout de leurs manoeuvres peu honnêtes: ""cassant les prix de leurs rivaux en louant, puis en sous louant des loges. Au XVIII eme siècle, la salle déclina rapidement. En 1776, Giacomo Casanova le décrivait comme un lieu malfamé, livré à la prostitution et à la délinquance. En 1807, on décida de sa fermeture. Il fut démoli en 1812." (Extrait de Promenades musicales dans Venise de Sylvie Mamy)
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Re: Teatro San Cassiano
La Didone de Francesco Cavalli dont la première représentation eut lieu à Venise, au théâtre Tron di San Cassiano, au cours du carnaval de 1641, le 1er mars.
https://www.youtube.com/watch?v=vpjhovIKp0o&feature=fvwrel
Là, c'est donné au Teatro Malibran, direction Fabio Biondi
https://www.youtube.com/watch?v=vpjhovIKp0o&feature=fvwrel
Là, c'est donné au Teatro Malibran, direction Fabio Biondi
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Re: Teatro San Cassiano
J'ai trouvé sur google book un livre bien intéressant de Sylvie Mamy "Les grands castrats napolitains à Venise" où elle parle de la vie musicale et théatrale.
Le 1er chapitre parle du Théâtre San Giovanni Crisostomo des Grimani ( actuellement le Theatre Malibran).
Elle y parle aussi du Teatro San Cassiano, puisque c'est le 1er théâtre du genre.
C'est le succès des 1er opéras représentés qui ont tout de suite donné envie aux riches familles de Venise d'ouvrir de nouveaux théâtres. La rivalité a été terrible!
http://books.google.fr/books?id=XIcmWMpIWoQC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=true
Le 1er chapitre parle du Théâtre San Giovanni Crisostomo des Grimani ( actuellement le Theatre Malibran).
Elle y parle aussi du Teatro San Cassiano, puisque c'est le 1er théâtre du genre.
C'est le succès des 1er opéras représentés qui ont tout de suite donné envie aux riches familles de Venise d'ouvrir de nouveaux théâtres. La rivalité a été terrible!
http://books.google.fr/books?id=XIcmWMpIWoQC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=true
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