De la douceur dans un monde de brutes
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De la douceur dans un monde de brutes
Un peu de fraîcheur intellectuelle, de riposo après une nuit de veillée thésarde harassante (Raymond Aron m'a tuer).
Donc, je sors mon grimoire vénitien : d'abord le "Venise d'eau et de pierre" (photographies de Jean Mounicq, textes de Marc Augé) édité et imprimé par L'Imprimerie nationale (aujourd'hui défunte...) en 1998. Les photos ne me séduisent guère mais le texte de l'ethnologue Marc Augé s'avère un bon compagnon ; ensuite, le merveilleux chapitre de Marino Zorzi sur "la héraldique" dans le pesant "Palais vénitiens" d'Alvise Zorzi, magnifique de clarté, d'intelligence (incroyable de penser que les nobles au Moyen Age reconnaissaient les blasons de leurs adversaires au premier coup d'oeil alors qu'il faut aujourd'hui des bataillons de spécialistes pour arriver à reconstituer une partie de l'écheveau) qui pousse à aller relire le chapitre d'Alvise Zorzi sur la fermeture du Grand Conseil en 1298, le souci d'équité qui a présidé à la mise au Conseil des Dix (une procédure verrouillée de telle façon qu'une large majorité et un quorum soient requis pour la culpabilité ou la sanction soient proposées au Grand Conseil...) - on sort là de la fascination morbide qui préside à la visite de la salle des Tortures au Palais des Doges - pour examiner le fonctionnement de l'Etat vénitien au plus près, des pages intéressantes aussi sur la guerre contre Gênes et la grande peur vénitienne en 1380... Un véritable historien, quoi : sérieux, pas de francheluches, compréhensible (ça change du jargon ronchon de mandarins). Extirpé aussi de la poussière, "Le Monde d'Alde Manuce : imprimeurs, hommes d'affaires et intellectuels dans la Venise de la Renaissance" de Martin Lowry" dont la splendide introduction agit dans le baume au coeur après l'échec retentissant (lamentable ?) du mouvement des chercheurs et apparentés. Grande humilité du spécialiste quand il explique la diversité des techniques qu'il faudrait maîtriser pour pénétrer dans l'atelier de l'imprimeur de la Renaissance et en même temps, prescience de l'historien du culturel lorsqu'il met à nu la circulation des hommes et des idées mais aussi l'entreprise qui naît dans l'atelier d'Alde Manuce.
Les premiers éditeurs furent des imprimeurs...
Donc, je sors mon grimoire vénitien : d'abord le "Venise d'eau et de pierre" (photographies de Jean Mounicq, textes de Marc Augé) édité et imprimé par L'Imprimerie nationale (aujourd'hui défunte...) en 1998. Les photos ne me séduisent guère mais le texte de l'ethnologue Marc Augé s'avère un bon compagnon ; ensuite, le merveilleux chapitre de Marino Zorzi sur "la héraldique" dans le pesant "Palais vénitiens" d'Alvise Zorzi, magnifique de clarté, d'intelligence (incroyable de penser que les nobles au Moyen Age reconnaissaient les blasons de leurs adversaires au premier coup d'oeil alors qu'il faut aujourd'hui des bataillons de spécialistes pour arriver à reconstituer une partie de l'écheveau) qui pousse à aller relire le chapitre d'Alvise Zorzi sur la fermeture du Grand Conseil en 1298, le souci d'équité qui a présidé à la mise au Conseil des Dix (une procédure verrouillée de telle façon qu'une large majorité et un quorum soient requis pour la culpabilité ou la sanction soient proposées au Grand Conseil...) - on sort là de la fascination morbide qui préside à la visite de la salle des Tortures au Palais des Doges - pour examiner le fonctionnement de l'Etat vénitien au plus près, des pages intéressantes aussi sur la guerre contre Gênes et la grande peur vénitienne en 1380... Un véritable historien, quoi : sérieux, pas de francheluches, compréhensible (ça change du jargon ronchon de mandarins). Extirpé aussi de la poussière, "Le Monde d'Alde Manuce : imprimeurs, hommes d'affaires et intellectuels dans la Venise de la Renaissance" de Martin Lowry" dont la splendide introduction agit dans le baume au coeur après l'échec retentissant (lamentable ?) du mouvement des chercheurs et apparentés. Grande humilité du spécialiste quand il explique la diversité des techniques qu'il faudrait maîtriser pour pénétrer dans l'atelier de l'imprimeur de la Renaissance et en même temps, prescience de l'historien du culturel lorsqu'il met à nu la circulation des hommes et des idées mais aussi l'entreprise qui naît dans l'atelier d'Alde Manuce.
Les premiers éditeurs furent des imprimeurs...
condorcet- Nombre de messages : 2531
Date d'inscription : 03/03/2008
condorcet- Nombre de messages : 2531
Date d'inscription : 03/03/2008
Re: De la douceur dans un monde de brutes
les notions d'héraldique que je possède m'incitent à penser que c'est moins compliqué qu'il n'y parait!!
Le monde de l'édition au 16ème siècle est un sujet pasionnant, d'autant que, meme à Venise ce n'était pas sans risques....
Le monde de l'édition au 16ème siècle est un sujet pasionnant, d'autant que, meme à Venise ce n'était pas sans risques....
Re: De la douceur dans un monde de brutes
Venise n'était pas bégueule : les familles bourgeoises pouvaient comme les familles patriciennes avoir leur blason mais se voyaient interdire l'accès aux "Conseils".
condorcet- Nombre de messages : 2531
Date d'inscription : 03/03/2008
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