Pietro BEVILACQUA, "Venezia e le acque. Una metafora planetaria", Roma, Donzelli, 2000 (1ère éd.)
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Pietro BEVILACQUA, "Venezia e le acque. Una metafora planetaria", Roma, Donzelli, 2000 (1ère éd.)
Dans la librairie attenante à l'IUAV (L'université d'architecture, d'arts graphiques et d'aménagement du territoire de Venise), près des Tolentini, cet ouvrage a suscité ma curiosité. La couverture est certes alléchante (un détail d'une oeuvre de Carpaccio : le lion de Saint-Marc (1516) que l'on peut voir au Palais des Doges) mais la table des matières m'a semblé digne d'intérêt (I/ La cité menacée ; 2/ Ressources comptées, biens renouvelables ; 3/ Techniques, institutions, règles ; 4/ L'estuaire ; 5/ Le déclin , 6/ Salvare Venezia). Ce n'est pas hélas une grande étude sur la magistrature des eaux mais un essai synthétique (180 p) sur la manière dont Venise a pu et su compter avec les eaux dans tous leurs états, fidèles alliées pour défendre le site et d'insuffler vie et puissance à la lagune, redoutables ennemies lorsqu'elles apportent les fièvres, A mon sens, cet essai veut tirer les leçons du passé pour préparer l'avenir et, outre le premier coup de semonce que constitue l'approbation de Massimo Cacciari à l'auteur sous la forme d'un billet assez complaisant (comme il est de tradition entre universitaires : lorsqu'il rédige cet essai, Pietro Bevilacqua est enseignant-chercheur en histoire contemporaine de l'université La Sapienza de Rome), le plaidoyer très vibrant pour une politique de préservation de la lagune passe, comme l'auteur le reconnaît dans une édition postérieure, par une prudence rhétorique sans doute un peu pusillanime. Ainsi, ne prend-il pas position sur le Mose et assoit sa conclusion sur trois constats : "Venise, comme aux origines, menacée par les eaux"; "Ripostes stratégiques et menaces planétaires" ; "Une histoire à peine ébauchée : la sauvegarde" (notamment avec le consortium Isola Nuova qui réhabilite canaux et îles, renforce les digues...). A mon sens, c'est avec le choix même que l'emboitement des échelles que le bât blesse : en effet, l'essai traite principalement d'une échelle locale voire régionale (Venise et sa lagune), ignorant tout comparatisme. A partir de là, peut-on vraiment étayer la thèse centrale du livre selon laquelle la hausse du niveau de la mer et plus globalement la mise en danger des environnements lagunaires sont des enjeux mondiaux, Venise n'était qu'une illustration en modèle réduit d'un phénomène qui, aujourd'hui la dépasse de beaucoup. Certes, de même qu'il y a beaucoup de Méditerrannées dans le monde (de mer au milieu des terres ou mers quasi fermées), on peut trouver de nombreux autres exemples de lagunes habitées en Afrique (sur les littoraux attenants au Golfe de Guinée) ou en Asie (au Vietnam)... Peut-on vraiment comparer tous les milieux humides aquatiques habités et les réunir sous une même étiquette sous prétexte qu'ils présentent des similitudes physiques, biologiques et historiques ?
Toutes ces questions surviennent à la lecture de ce fascinant essai et outrepassent un peu le propos de l'auteur. On ne peut cependant s'empêcher de penser qu'arrimer Venise aux enjeux de la mondialisation, dénier une partie de sa légitimité à l'espace vécu (étrangement absent de cet ouvrage où les institutions sont plus à l'honneur que le ressenti des populations) éclairent singulièrement le dilemme de M. Cacciari et les siens. A trop vouloir s'enfermer dans une vision juridique, savante, scientifique de Venise et sa lagune, la parole du principal intéressé (l'habitant) demeure probablement la plus grande oubliée et hors des institutions internationales qui ont fondu sur Venise comme les coachs sur nos contemporains en mal de reconnaissance. Prise de conscience planétaire certes, mais cuisson à l'étouffée aussi...
Et si un petit détour par les autres sciences humaines s'avérait plus profitable. Géographes, les historiens ont besoin de vous. SvegliatiVi !
Toutes ces questions surviennent à la lecture de ce fascinant essai et outrepassent un peu le propos de l'auteur. On ne peut cependant s'empêcher de penser qu'arrimer Venise aux enjeux de la mondialisation, dénier une partie de sa légitimité à l'espace vécu (étrangement absent de cet ouvrage où les institutions sont plus à l'honneur que le ressenti des populations) éclairent singulièrement le dilemme de M. Cacciari et les siens. A trop vouloir s'enfermer dans une vision juridique, savante, scientifique de Venise et sa lagune, la parole du principal intéressé (l'habitant) demeure probablement la plus grande oubliée et hors des institutions internationales qui ont fondu sur Venise comme les coachs sur nos contemporains en mal de reconnaissance. Prise de conscience planétaire certes, mais cuisson à l'étouffée aussi...
Et si un petit détour par les autres sciences humaines s'avérait plus profitable. Géographes, les historiens ont besoin de vous. SvegliatiVi !
condorcet- Nombre de messages : 2531
Date d'inscription : 03/03/2008
Re: Pietro BEVILACQUA, "Venezia e le acque. Una metafora planetaria", Roma, Donzelli, 2000 (1ère éd.)
mille cinq cents ans que venise surnage...(mon) notre 1 santa croce survivera...
j'ai deja hate d'y retourner...
j'ai deja hate d'y retourner...
lorenzo di venezia- Nombre de messages : 1378
Localisation : paris
Date d'inscription : 03/03/2008
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